Elle enfile ses bas résille, elle défait son soutif, elle se regarde dans le miroir, elle claque un de ces sourires qui se terminent sur des pubs pour un dentifrice. Elle se redresse, les néons qu'épousent ses formes élancées et qui lui dégueulent ses plus belles couleurs, sous la porte y'a la fumée des clopes qui passent et lui font retrousser le pif, derrière la porte y'a de quoi l'attendre, y'a le podium en carrelage noir qui suinte de transpiration et de billets coincés dans son string blanc. Elle aurait préféré faire ses plus belles entrées à Hollywood, remonter ses tiffs en un chignon, les décolorer pour prétendre à une nouvelle Marilyn Monroe. C'est qu'y'avait un semblant de rêve quand y'a eu le départ pour fouler les pavés de New York, c'est qu'y'avait l'idée d'une renaissance basée sur les débris d'une guerre laissée à l'abandon des années en arrière. Avant elle était ni la belle ni la cendrillon, avant elle était ni la Blanche-Neige ni la Raiponce, avant elle était que la petite Poucette qu'avait pourtant un semblant de bonheur coincé entre ses ongles dorénavant manucurés. elle pousse un soupir, se bouffe la lèvre inférieure même si ça lui dégomme, pas le courage de souffler des baisers avec la paume. Elle entre en scène sous la pulsation vomitive de la musique électronique, laisse traîner sous ses paupières des images anciennes. Les fables qu'avaient du chien, les fables qu'auraient mieux fait de rester dans des bouquins, les fables qui se lisaient tard le soir. Les fables mortes qui s'écrivent sous les sillons de son mascara waterproof qui coule.