Démons et merveilles
identité ;; gerald; l’a pas eu à piocher dans un bocal à piranhas, à s’en faire bouffer les doigts. il a pas eu la chance de piocher en travers du premier livre pour en garder un prénom à dormir debout. y a surtout eu son nom aux gages qu’on ne saurait honorer, du divin remerciement à la caillasse des vieux cons qu’ont subitement décidé d’oublier son nom. du conte horrifique au voleur de vies, musicien à faire danser la mort, à rendre doux comme un agneau dans son dernier courroux.
twele; du complexe de dieu au crépitant mal de reconnaissance. pulsion de mort dans une boîte à bonbons.
âge ;; la quarantaine bien tassée sous une liesse cannibale qui se délecte, et des joues, et des crevasses juste au-dessus. pas de quoi se blairer en démon de minuit quand y s’assomme en verres qui dégueulent. tout le monde se fout de savoir s’il a les dents blanches ou si son estomac encaisse son régime bières kebabs.
conte ;; hamelin,
le joueur de flûte. qui fait ravaler le caquet de leurs bourses en sifflant. l’a noyé tous les rats dans la rivière. l’a renvoyé le grand fléau qui se remplissait la panse depuis des mois. dératiseur du vendredi 13, amusé depuis la rive, voit les enfants mourir. rictus pirate sans chanson. foutue fierté dérouillée à coups de pieds au cul.
métier ;; monteur de films pornos. il y a le bruit sonore d’un gémissement patenté pendant qu’il se contorsionne. pendant que la petite princesse se fait prendre le cul par l’idiot du village. clic. faut une deadline. même pour mettre un film de cul sur internet. clic. faut que l’éclairage soit bon. faut voir, distinctement, le mouvement. faut le gros plan sur ses nichons. la gorge profonde. le mec à doper comme un cheval. pas de capote. jamais. clic. faut pouvoir écrire mommy daddy son daughter brother jardinier carreleur maçon coach prof secrétaire infirmière à te palper les couilles. clic. faut le plan à trois. faut le dégoût. faut la pisse. la corde. le trou. les menottes. la bile. la mouille. l’ejac à refaire le portrait de la reine d’angleterre. faut le costume. faut le bâillon. la cravache. les lunettes. les couettes. le cuir latex résille. clic. faut pouvoir se branler dessus à défaut d'pouvoir trouver un peu d'chaleur humaine.
orientation sexuelle ;; il y a le mauvais comportement supposé quand on chope son disque dur. du bondage aux coups de jus en sentence sans amour ni baiser. y a pourtant rien de trépidant en dépit d’histoires dont il aimerait pouvoir se vanter après trois pintes à huit degrés. pas de fantasque ni de merveilles.
bisexuel, pas r’gardant dans le n’importe qui plutôt que personne.
statut civil ;; il y a pas eu de princesse pour le prendre en pitié ou lui proposer une part de tarte et plus si affinités. pas de grand amour à donner aux hosties le dimanche. pas de cierge pas de tombe. elle s’est faite fumer dans un grand feu de joie il y a trop longtemps pour être triste. il y a bien l’enchanté chantant qui se fait à la lumière meetic de son iphone. la mise à mort dans un beau colérique. mais ici, il a personne à impressionner. mais ici, il y n’a pas de jour 2. et personne ne danse jamais sur sa musique. et tout le monde se fout de tout le monde. et il comprend pas.
célibataire. pas taillé pour se fondre dans l’encadrement de la porte. dans une aube infidèle, il ne garde que le complexe d’être à peine plus haut que le porte-manteau.
statut monétaire ;; $$$$, il a jamais eu autant d’argent à couvrir en une seule fois, pourrait presque s’embourgeoiser sur un malentendu. il y a bien la bmw qui flâne sur le parking poubelle de son appart miteux. il y a bien le bruit qui court que c’est, de source sûre, une voiture volée. il y a bien l’ombre d’un coffre-fort quelque part. d’autres rumeurs qui le devineraient prêteur sur gage. l’a bien de l’argent, mais pas autant qu’on pourrait le supposer.
traits de caractère ;; misanthrope, débrouillard, calme, impatient, cultivé, créatif, impulsif, blessant, introverti, à l’écoute mais pas empathique pour autant, pessimiste, nonchalant, nerveux, tatillon, susceptible.
maintheme ;; great moments in pleasure ; beta satan.moodboard ;; ce corps-là ou peu importe ce que c'est. je n'y arrive pas. groupe ;; merveille désarticulé.
capacités ;; il y a la mélodie qui lui crève les tympans jusqu’à ce qu’il la reproduise à la perfection. ça lui prend pas plus de quinze minutes montre en main, à s’en rendre malade. il en a bouffé des instruments à cordes, jusqu’à se faire éclater la joue en pur nickel. à défaut de poser les pattes sur un stradivarius à 8000 balles, il a été de toutes les batailles. l’oreille qui s’excite au moindre bruit à en faire un diable en chanson. il sait jouer tout, sur n’importe quel instrument, sans démon créatif pour le tirer de sa monotonie.
constat sur sa nouvelle vie ;; le non lui a fait ployer le genou à en détacher le fémur. l’a pas intégré d’orchestre comme il l’aurait souhaité. l’a pas été remarqué dans le métro ou sur le parking du walmart. pire, on lui a dit que ça dégageait aucune émotion. qu’il savait jouer, qu’il pourrait, pourquoi pas, composer des morceaux de complaisance pour dim ou nana. pas de compositeurs romantiques. pas de violon, pas de piano, rien qu’une bande où le son se répète à l’infini. ça lui a filé la gerbe, l’a presque senti la rondelle de tomate de son burger lui remonter de long en large. et il y a sa flûte. relique disparue que personne n’a pas revu depuis trois ans. trois ans qu’on le prend pour un con il en est sûr. sûr qu’il pourrait en faire de nouveau une arme létale. il les déteste, tous, du plus profond de sa routine abrutissante. il est venu la bouche en cœur, gerald, certain qu’il saurait, cette fois, se faire apprécier. mais il est resté ce tueur d’enfants qu’on éloigne comme un pédophile récidiviste. l’a envie de crever. et sûrement qu’il demanderait à se faire enfoncer un pieu dans le cœur si le besoin de les voir tous crever avant lui ne prenait pas le pas sur ses pulsions de mort.
Le livre et sa couverture
pseudo/prénom/pronom ;; peake, sam, elle.
âge ;; 28 damn années.
comment as-tu découvert usd ? ;; j'ai tendu l'oreille et j'ai fait 'ouais ouais ouais'.
quelque chose à nous dire ? ;; avatar ;; volker bruch.
crédit(s) ;; miserunt.
silence et fracas
il s’est pas arrêté au point de disparaître. quand il a joué, ça plaisait pas suffisamment. tout juste bon à faire tuer une émeute dans un cul-de-sac. quand il a joué, avec le tract de toute une vie, il en a foiré des bonnes et des meilleures. à en faire mourir un funk dans un solo mal piloté. il a dit: c’était nul à chier. ils ont dit: c’était nul à chier. à s’enfermer dans un bocal. trop bon, trop gentil, trop à l’heure, trop consensuel, trop conciliant, trop passif, trop de vide sans orgueil ni colère noire. pas de sursaut pas de fantasme pas de névrose. trop mou la poignée de main. trop doux. supposément trop facile ou trop compliqué. trop propre pour être remarqué en chef d’œuvre. pour être remarqué tout court. trop lisse dans la figure dans le sourire poli.
- allez, dégage. c’était sympa sans plus.
- elle est où la maquilleuse? je vais tellement l'enculer qu'elle va rentrer en chaise roulante celle-la.
pour le prestige d’une autre figure, pour l’ombre figurative. et l’anonymat. toujours, tout le temps. même quand il a buté tous ces gosses. personne. PERSONNE PUTAIN A JAMAIS REMIS SON PUTAIN DE NOM. quoi qu’il fasse. quoi qu’il joue. quoi qu’il tue. tout le monde, en a rien à foutre.