Démons et merveilles
identité ;; hirsch qu'il a croisé à la première boîte aux lettres gonflées aux offres pizzas du vendredi soir. une pour le prix de deux, il a pas trop compris quand on lui a demandé 12 balles. il a pas mangé c'soir-là, ni le suivant.
peter qui virevolte comme un putain d'avion à tracer des couleurs dans le ciel une seule fois par an. peter qu'on scande à tue-tête tandis qu'il se pavane sur un nuage. peter qui est au centre de l'histoire et se moque bien des autres antagonistes. pièce centrale sans puzzle, que le collant soit vert où emeraude il aime entendre son nom susurré sans condition.
âge ;; sans pouvoir compter sur ses doigts, il sait qu'il a vieilli, il le sent. peut pas dire jusqu'à quel point il voit son paysage doré se réduire à peau de chagrin. il a grandi, sa voix a mué et il s'est tapé une poussée d'acné juste après ça. une raison s'il n'en fallait qu'une de ne plus sortir de son nouveau chez lui.
vingt-cinq ans sans date ni papier, ce qui ne l'empêche pas d'improviser une nouvelle bringue du dix au douze juin pour son anniversaire. au prétexte d'avoir un système solaire à broyer dans ses yeux tristes parce que les vieux qu'il croise dans la rue le dégoûte.
conte ;; des histoires qui se transmettent de génération en génération. le rêve inaccessible de chaque gosse qui se dépêche d'aller au lit le stylo-lampe posé sur la dernière trace de crampons le long du tibia.
peter pan dont le fan club se fait d'un pont à l'autre du neverland. il y a seulement ces quelques pirates qui font plus de peine que de mal.
métier ;; livreur uber eats. on peut dire qu’il en fait trop ou pas assez, mais il est toujours occupé d’un bout à l’autre de hell’s kitchen à récupérer une commande de sushis ou de pizzas. du premier rayon dans l’oeil, la pédale qu’il emboîte avant de lancer pokemon go sur son téléphone. c’est bien de tous les boulots, celui qui lui offre un repas gratuit tous les soirs sans avoir à subir la dépréciation d’un patron qui couvre d’un peu trop près son tiroir-caisse. pas de magie, pas de clochette, pas de sauts périlleux. il écrit son prénom péniblement quand on le lui demande, bute sur chaque mot de plus de trois syllabes. inventeur de métiers qui n’existent pas, il a le filon de l’argent facile. du profit partagé en deux et des petits mauvais coups qui paient tout juste son loyer.
orientation sexuelle ;; il a pas le même regard pour celles qui fleurissent de compliments et s’émerveillent de chaque balle perdue. des sirènes qu’il observe comme un mort noyé et qu’il caresse d’un sourire charmeur qui ne saurait tromper personne.
bisexuel pour peu qu’on le flatte, pas mordu des animaux à qui on a vendu un beau bijou.
statut civil ;; autant d’amour qu’il pourrait en bouffer à s’en lécher les doigts. il a pas de quoi écrire de beaux poèmes en mordillant le ressort comique d’une situation aussi futile. il le dit à tout le monde, l’avertissement du dernier arbre sur terre: jamais il ne tombera amoureux. autant de lassitude qu’autrefois.
célibataire, quand bien même, on en vient à s’amouracher d’illusions. le manque d’attention qui fait pleurer dans la salle de bain minuscule de son appartement où les cafards se camouflent dans les trous à rats. l’acharnement à dire: c’est pas important. le calvaire de vivre avec une pompe en plein cœur.
statut monétaire ;; son sac dégringole du point le plus haut, 7ème étage d’un immeuble mal tenu. il y manque quelque chose de précieux. le soulagement dans la toile, des renfoncements de nuit, des réseaux catholiques, des conserves découpées, mangées froides, des cartons couchés dans le métro. là où les communs se cachent, vieux et sans dent, l’échec frontal d’une cinquantaine d’années à vomir. là, il ne se mélange pas peter, fréquente les bars à touristes, se fait payer des verres sans âme ni remords. la chambre d’hôtel jusqu’au prochain boulot. jusqu’au prochain appart.
pas une thune pour les enfants malades.
traits de caractère ;; narcissique, immature, capricieux, impatient, intolérant à la frustration, indépendant, débrouillard, ingénieux, forte tendance au passage à l'acte verbal comme comportemental, assez extrême.
maintheme ;; le meilleur album de m83.
moodboard ;; n-ever-land. groupe ;; les résignés.
capacités ;; il peut éclater le sommier de son lit, faire craquer le bois pas bien épais dans le seul but de réapprendre à voler. s’éclater la gueule sur le trottoir et remonter, l'
agilité d’un médaillé olympique le dimanche. l’accroche d’une ascension où il n’en finit plus d’tomber. son ombre qui s’efface comme de la craie sous ses chaussures trouées.
constat sur sa nouvelle vie ;; dans une situation alarmante, n’importe laquelle, ça va toujours. c’est pas hell’s kitchen qui est infect. c’est la disparition de tout ce qu’il a jamais connu, la proximité d’un nombre trop important de responsabilités auxquelles il ne sait pas répondre. il a pas de calendrier dans la tête, ni de permis de conduire pour avoisiner les 200 km sur les quelques routes menant à new-york. il est perpétuellement à côté de la plaque, dans une misère constante faite et refaite à grands coups d’achats compulsifs le jour de paie. le dégoût de son propre reflet, des signes constants où on lui demande de se comporter en adulte. là où il fait délibérément tout l’inverse. il ne se sent pas à sa place, c’est trop loin du neverland, trop loin d’un londres fantasmé par une autrice trop vieille. trop loin d’une passion où on crie son nom, des friches auxquelles il s’accroche désespérément, des phalanges abusées par une colère absurde, du blouson qu’il se traîne sur le parking et ces mains, ces mains n’ont tué personne depuis trois ans.
Le livre et sa couverture
pseudo/prénom/pronom ;; peake.
âge ;; plus jeune que toujours.
comment as-tu découvert usd ? ;; plouf.
quelque chose à nous dire ? ;; un vrai plaisir de faire un dc.
avatar ;; damiano david.
crédit(s) ;; miserunt.
joyeux, innocent et sans cœur
à lire ;; on pourrait croire que c’est toujours la même chose.
au fond, ça l’est.
cette rengaine où le bien triomphe du mal. où il triomphe du mal. les enfants perdus ont toujours eu peur des pirates, mais pas lui.
quand il tue un pirate, un autre apparaît et prend sa place.
- à l’aube on attaque le jolly roger!on aurait cru l’entendre, peter, dans sa bouche à lui. le prénom comme un autre, l’histoire similaire où il lui vole son épée pour la brandir au-dessus de sa tête. la jalousie de voir tous les enfants perdus se lever les uns après les autres la louche comme un crochet. il a daigné se lever, bon dernier, le cri de guerre bien plus fort qu’aucun autre. la promesse d’une relique gardée depuis des années, il l’a emmené à travers la forêt. le coffre est toujours à quelques lieues des autres.
- il faut creuser, c’est noté là, sur cette carte!il n’a pas besoin d’inventer une croix, tous les enfants perdus lui font confiance jusqu’au jour où ils deviennent adultes.
- mais peter, il n’y a rien sur cette carte! il a le dos brossé contre l’arbre, un rire à réveiller les fées. quand il bondit, il est plus près de la poussée magique que du lièvre. son doigt refait le chemin depuis l’arbre du pendu, il ne s’est jamais perdu au pays imaginaire. c’est son pays imaginaire. sans lui, il n’y aurait rien. ni bons ni méchants. même lui, même eux, tout est interchangeable. même crochet, sa voix est si facilement reconnaissable qu’il pourrait sans peine se pavaner dans son costume de pirate. il a crié, il a supplié, quand il a passé la corde autour de son cou. les enfants perdus ne se débattent pas vraiment, ils meurent tous de la même façon, les yeux écarquillés de surprise. ils sont si vite remplacés que peter oublie fréquemment leurs prénoms. d’habitude ils creusent leur propre trou dans lequel il les enterre.
il les tue
sans once de méchanceté, il déteste les pirates. et tous les adultes sont des pirates.