bad intentions. (wendy)

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charmée qu'elle était, la gamine, par son héros fantasmé, le soit-disant sauveur des égarés, répondant au doux nom de peter pan. tombée amoureuse au gré des histoires, à la fois bercée et bernée par ses belles promesses, acceptant pour ses beaux yeux d'endosser des responsabilités d'un âge plus mature que le sien et de braver la jalousie maladive de la minuscule fée clochette. au point final de leur vaillante aventure, lui a promis de revenir, alors wendy l'a attendu, chaque soir derrière la fenêtre, des années durant jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus partager la même chambrée que ses frères et que l'adolescence viennent la happer à d'autres préoccupations, toutes aussi futiles mais néanmoins plus réalistes et au moins de son âge. jamais l'éternel enfant ne s'est de nouveau pointé aux carreaux, malgré l'espoir joint des trois enfants. l'histoire des darling en lien avec le neverland aurait donc pu s'arrêter là, comme le sous-entend la fin du livre, mais les chapitres n'ont ni besoin de pages ni d'encre pour continuer de s'écrire. en somme, ça aurait été trop beau de prétendre à mener une vie tout à fait normale.

le faux-pas, qu'on oublie qu'il vient de lui, provient de micheal et de ses satanés bonnes intentions à l'égard de son aînée. la lettre, gardée précieusement au fond du tiroir de sa table de chevet, jusqu'à ce que l'exil lui ravisse, pour lui rappeler la bonté de ce garçon et l'inconnu quant à ce qu'il est devenu. culpabilité noircissant son coeur, wendy se sentant responsable du départ sans retour du petit dernier de la famille, quelle image pouvait-elle renvoyer pour justifier une telle décision sur un coup de tête, ainsi que trop bête d'avoir pu un seul instant imaginer que son vieil ami arrangerait les choses. car peter pan n'est jamais, jamais, venu. ni pour la voir, ni pour ramener micheal. aux abonnés absents, l'évidence est qu'il ait fini par devenir aux yeux de wendy, le responsable de tous les maux. de ses maux en tout cas. de la disparition de son plus jeune frère, de ses cauchemars en repensant au neverland, de son manque absolu de confiance envers n'importe quel homme, de son sentiment constant d'insécurité qui la rend si irritable à des moments. s'il n'est pas réellement le seul coupable de l'ensemble de ces accusations, il y a largement participé pour qu'il soit inévitable de le pointer du doigt.

malgré tout, l'amour pur ressenti à son égard n'a pas totalement disparu des tréfonds du coeur de wendy. mais elle le hait autant qu'elle l'aime, cet enfant qui a commencé, malgré lui, à devenir un homme de pacotille. et elle, se déteste pour cette contradiction qu'elle ne se sent pas prête à avouer, pas même à elle-même. il ne doit y avoir que de la place pour les violents reproches, les injures, et les coups de batte sur sa peau trop lisse, trop douce. il n'y a sincèrement, chez wendy, plus rien qu'elle ne puisse admirer de son ancienne idole. les beaux souvenirs communs ont été balayés de sa mémoire, ne reste que la rancune tenace. peu importe le fois où elle crachera sa colère sur lui, jamais ça ne sera assez. et comme la vie des fables est longue, peter pan n'est pas prêt de l'entendre cesser de rabâcher la même rengaine. pour un peu, à présent elle lui préférerait presque le capitaine crochet.