LA BÊTE HUMAINE (lewis).

tw ;; meurtres, féminicides, mutilations, pratiques médicales, drogues, mentions de troubles psychologiques, mentions de sexualité et de nécrophilie.

prologue ;; dans son imaginaire, c’est en artiste qu’il condamnait au silence. c’est en honnête homme qu’il punissait le mensonge et la trahison.
en admirable amant qu’il humiliait ces femmes qui l’avaient déçu.
(incapable d’admettre qu’il était davantage question de pulsions incontrôlables que d’un noble dessein. parce qu’après tout c’était relativement jeune qu’il avait goûté au sang féminin, plaisir dont il n’avait depuis jamais pu se passer, partie intégrante de son équilibre émotionnel, relationnel et sexuel, sans se l’avouer il provoquait les stratagèmes qui les pousseraient à l’erreur, les plus dociles lui donnaient d’ailleurs du fil à retordre lorsqu’elles étaient trop aimables, il fallait véritablement les pousser à bout, les pomper de toute leur volonté pour qu’elles finissent par déraper, et alors il suffisait d’un minuscule manque de respect ou d’une stupide maladresse pour qu’elles finissent la tête posée sur une étagère, le corps rejoignant le harem cadavérique déjà bien fourni dans la salle doublement verrouillée.)
il se voyait, amoureux au cœur brisé,
érigeant le tableau humain des femmes qu'il aimait puis méprisait.

les premières fois étaient désordonnées, c'est avec la pratique qu'il a précisé son expertise.
objets contondants abattus sur le crâne, couteau planté dans le sternum ou dans la poitrine, il était difficile de contrôler les caprices du sang qui s'échappe du corps pris de spasmes, têtes décapitées dont il faut s'occuper pour ne pas les voir pourrir, il était important pour lui de conserver la beauté figée de ses ex-femmes, parce que souvent il s'enfermait dans cette pièce sombre et rouge, s'imprégnait de l'odeur métallique, effleurait les corps et leur parlait, il ne se sentait lui-même que dans ces moments-là, personne ne devait savoir qu'il les préférait mortes à vivantes.
souvent il se demandait si en vieillissant il finirait par s'assagir,
mais les bêtes sauvages restent des bêtes sauvages, et on aura beau inventer des mécaniques meilleures encore, il y aura quand même des bêtes sauvages dessous.
parfois une nouvelle femme surgissait dans sa vie et lui donnait presque envie de changer,
puis il partait en voyage et constatait à son retour qu'elle n'était pas plus digne de confiance qu'une autre,
cette histoire de trousseau de clés lui était bien confortable, cela lui donnait un prétexte pour se laisser aller à l'ultraviolence, et toujours elles promettaient qu'elles allaient changer, elles, et toujours il se disait que personne ne change jamais, pas elles et pas lui, et c'est avec indulgence qu'il se livrait à ses penchants et complétait son tableau.

fable ;; que voulez-vous, la curiosité est un vilain défaut. murmure-t-il,  sourire hautain aux lèvres, dans l'espoir de conserver la dignité qui lui reste.
ce serait là le fin mot de l'histoire, la morale de la fable, mais c'est sans compter sur cette lame acérée qui lui mord la chair,
ils ont après tout juré qu'ils allaient l'égorger,
il serait mal placé pour juger leur méthode,
(après tout c'est sur plusieurs étages qu'il a traîné leur pauvre soeur anne par les cheveux, couteau à la main, ruminant sa déception, parce qu'elle a décidé qu'elle lui désobéirait, finalement elles sont toutes pareilles, de sales menteuses, presque plus belles une fois mortes, presque plus sensuelles inconscientes, définitivement plus supportables une fois réduites au mutisme glacial, mais franchement d'un pathétique plutôt jouissif lorsqu'elles se débattent, crient et pleurent, supplient et inventent tout un tas de promesses qu'elles ne tiendront jamais, il a toujours détesté ces promesses, ces moments de flottement durant lesquels les mortels se rendent compte qu'ils sont prêts à tout pour semer la mort, quitte à se vendre au diable et exister en marionnettes rougies de sang.
cette fois il a été maladroit, négligent, que dire, il s'est laissé emporter par des émotions dérisoires, et voilà qu'il se rend compte que c'est son tour...)
petit animal pitoyable de milieu de chaîne alimentaire,
finalement piégé par plus gros prédateur,
il se dit alors c'est là que je meurs,
il contemple dans le visage de ses bourreaux la même satisfaction qu'il arborait lui-même sans scrupule, face à la terreur de la proie,
et dans leurs yeux il aperçoit le reflet de ce plaisir très peu coupable.
et dans ceux d'anne, qui se tient là, échevelée et pleurnichante,
c'est son propre reflet qu'il contemple et ne reconnaît pas vraiment.
la brulûre qui lui mord la jugulaire est sourde,
c'est d'un sang foncé et épais que se peint le paysage,
tout est rouge, tout est noir.

les soins médicaux délivrés par ses domestiques sont sommaires et le réveil est rude. alors qu'ils remercient les dieux de le voir en vie, il grimace, gémit, se dit que la mort aurait été plus douce.
il sait qu'anne sera la dernière femme ; sa nouvelle compagne, ce sera la peur.

new-york ;; surprenant de constater ce penchant qu'ont les mortels pour les assassins, inclination universelle à contempler le démon dans les yeux.
souvent il se surprend à presque aimer une des femmes qui partage son lit,
puis toujours, la question, la curiosité dans le regard, cette curiosité qu'il déteste, méprise, qui lui donne envie d'arracher la machoîre, réveillant en lui les tremblements caractéristiques d'une fébrilité bien enfouie, et toujours, il se renferme, se retrouve à nouveau solitaire, la tête penchée sur un rail, le sang qui coule du nez, la migraine qui resserre la vision,
et tout est rouge, tout est noir à nouveau,
il plonge la tête dans l'eau glacée de sa baignoire,
rêvant d'un peu de silence.

les étreintes qu'il préfère sont celles des femmes qui ne le connaissent pas, qui ne savent de lui que ce nom artificiel et cette vie de façade.
alors seulement il peut trouver réconfort dans leur chaleur, et bien qu'il n'ait plus si soif de sang, les habitudes ont la vie dure et c'est souvent avec une froideur sans égal qu'il continue à manipuler, penchant décidément incorrigible, passion du chasseur qui traque le gibier.
à la différence près que cette fois les plaies demeurent émotionnelles, invisibles.
il se demande s'il le fait par plaisir ou par réel espoir de n'être plus lui.
dans leurs bras, tête posée sur la poitrine, il s'imagine ressentir l'amour de quelqu'un qui ne connait pas barbe bleue, mais seulement lewis, ce déguisement à visage humain qu'il ne retirera plus jamais.

???? mais aDIEU ???? j'adore ton interprétation de lewis genre ??? allez c'est juste trop cool, de a à z, de la tête jusqu'aux pieds, de la bombe. en plus de ta plume qui est divine, j'adore tous les angles que tu abordes et la manière dont c'est traité, vrmt, hâte de le voir évoluer sous tes paluches.

Y'a pas à dire t'as tout cassé sur ton passage, même les murs, même les pavés, t'as su retourner les rues et les villes. Maintenant que c'est fait et que t'as enfin pu prendre forme, t'as au final pas grand-chose à faire par la suite. Y'a ces petits utilitaires qu'on te cale sous la patte, te faire des liens ou tout simplement directement aller flooder pour te fondre dans la masse, même glisser du côté de la CB qui sait. Si t'es un DC/TC/QC on t'invite à te recenser. En tout cas on te remercie et on espère que tu trouveras en USD un nouveau toit sympa sur lequel tu pourras écrire sans te prendre la tronche, sans avoir de poids sur les épaules.