CAUGHT ON FIRE (WATCH ME BURN)

identité ;; salope. c'est mieux que d'être oubliée. c'est mieux que de ne pas en avoir. . pute. au moins, on l'appelle quelque chose. c'était pas le cas avant. c'était pas le cas dans la rue. c'était pas le cas quand c'était une ombre. quand c'était une gosse. faith. c'est joli, tiens, la foi. faith. c'est ce qui apparait sur les écrans, surligné, un tag. avec teen, big tits, blonde, gorge profonde. c'en est presque ironique. elle a pas choisi, c'est le réalisateur du premier film mis en ligne. elle a pas choisi, il s'est foutu de sa gueule quand elle est arrivé en retard de l'église. faith charity. parait que ca va bien à son visage d'ange. c'est pas son nom pourtant. c'est juliet, son nom. mais ca, pour le savoir, faudrait encore la connaitre. sainte juliette. immolée, martyre pour n'avoir pas voulu honorer de faux prophètes, aux idoles imparfaites. âge ;; parait qu'elle est bien développée. plus l'âge des cours d'écoles, plus l'âge des cours tout court. déjà qu'elle était pas bien éduqué, peut-être que si elle avait tourné en rond moins longtemps dans les royaumes, peut-être que s'ils avaient été transférés ici plus jeunes, elle aurait pu en apprendre plus sur le monde. à la place, elle est en âge de vendre ses charmes. sur sa carte d'identité, ils ont marqué vingt-quatre ans. un compte pas exactement rond, pour pas éveiller les soupçons. mais fallait que ce soit plus de vingt-et-un, de toute façon. conte ;; la petite fille aux allumettes, du conte éponyme, hans christian andersen. condamné à voir la lumière, et marcher jusqu'à elle. condamnée à espérer, malgré ses désillusions. condamner à croire, même en ne rêvant plus. métier ;; elle aurait pu vendre des e-cigarettes. elle aurait pu vendre des allumettes, au walmart du coin. mais elle savait même pas lire, la gosse, en arrivant. et si c'était un délice de plus se sentir partir tous les quatre matins, il faut bien admettre qu'elle avait rien à offrir. c'est qu'elle, déjà, elle était pas comme ceux qui ont droit aux jolies fins. elle n'en a jamais vraiment eu, de fin, dans les royaumes. toujours la même histoire qui se répétait, les mêmes hallucinations au creux des flammes. alors plutôt que de se brûler les ailes, sans quoi que ce soit pour se payer une place dans ce monde, elle a pris l'aide qu'on lui a donné, pour faire rougir ses doigts, et c'est bien de la chaleur qu'elle a vendu. celle de son corps, pas vraiment au creux des rues. parce qu'avec ses grands yeux innocents, on l'a repéré vite, la gamine. pas si gamine. bien loin d'un corps de gamine, depuis longtemps. et en trois ans, elle s'est fait un nom, qui n'est pas le sien, qu'elle ne contrôle pas vraiment. actrice. pas du genre qui sait vraiment jouer la comédie. du genre qui se fait tringler, plutôt, dans tous les sens et sans qu'on lui demande vraiment son avis. sur les positions, ses partenaires et leurs nombres. elle prend juste. elle prend ce qu'on lui donne. et elle gémit et elle avale et elle fait du gringue à la caméra. parce que pas le choix. parce qu'elle sait bien qu'il y a pire dans ce monde. comme dans tous les autres. hors de question de retrouver la rue, la dépendance. hors de question de mourir de froid sous la neige. on fait bien ce qu'il faut. alors elle accepte tous les projets, tous les films, pour pouvoir donner quelques pièces à la messe. allumer un cierge pour sa grand-mère. et laisser, toujours, sa porte ouverte. parce qu'après tout, elle n'est pas la seule à en avoir eu besoin. orientation sexuelle ;; est-ce qu'on a même jamais pris le temps de lui demander, elle, ce qu'elle aime, ce qu'elle regarde chez ceux et celles qui passent ? est-ce qu'elle a même pris le temps de se poser la question ? parce qu'elle ne se pose pas, au fond, tant elle n'imagine personne vouloir d'elle, accepter de la partager avec ces caméras qu'elle ne quittera pas. dépendante de cet argent qui lui glisse enfin entre les doigts. elle écarte les jambes pour bon nombre d'hommes, la chose presque évidente. et si on lui demande, pour mieux titiller leurs regards, d'embrasser une femme, elle le fait tout aussi bien. elle sait que les films sont pour eux, après tout, surtout. ces hommes, comme ceux derrière la caméra, comme ceux qui lui font signer ses contrats. elle ne dit non à aucun corps. et ce serait sûrement pareil, si un autre venait à s'incruster dans son cœur, tendre. elle n'y regarderait pas à deux fois. et peut-être même qu'elle ne le reconnaitrait pas, ce désir-là. statut civil ;; qui voudrait bien d'elle ? oubliée, perdue, entre deux mondes, toujours un peu. qui voudrait bien d'elle, qui n'a d'autre choix que de passer des heures à confesse pour qu'on la libère de ses péchés ? qui voudrait bien d'elle, et de ce besoin ridicule d'être guidée. personne, au fond. elle ne se pose même pas la question. elle s'y est fait. la solitude lui ira. toujours mieux que les coups. statut monétaire ;; elle avait rien en arrivant. et certes, faut bien l'admettre, ce qu'elle se fait, c'est pas de quoi se payer un jet privé, un château en espagne ou de rouler sur l'or. mais elle vit, et c'est très bien. des chaussures au pieds, des gants sur ses doigts, quand il fait froid. au moins, elle traîne plus dans les rues, bercée par ces flammes qui n'étaient qu'un maigre réconfort. elle allume ses clopes avec, maintenant. au moins c'est addictif. elle allume ses joints avec. au moins, c'est normal de planer avec. et si elle vends son cul, au moins, quand elle rentre, elle est seule. personne pour la frapper, personne pour la faire chialer. juste le bruit rassurant du chauffage, et les icônes, encadrées sur le buffet. elle vit. c'est déjà bien. traits de caractère ;; pieuse, naïve, discrète, actrice, perdue, envolée, enflammée. maintheme ;; là. moodboard ;; ici. groupe ;; les résignés. résignés à survivre, résignés à cette vie, résigné à avancer. peut-être que ce sera plus beau, peut-être qu'il y a de la lumière au fond du tunnel. peut-être qu'elle finira dans les rues, de nouveau, avec ses allumettes et ces flammes qui ne réchauffent pas assez, sous la neige des hivers new-yorkais. elle n'en sait rien. ne veut pas vraiment le savoir. ne veut cultiver ni espoir, ni malheur. avance, juste, comme on peut. prie, juste. après tout, l'éternel aura bien sorti déjà par une fois le corps abimé des pavés. autant ne pas trop en demander, et remercier, au moins, pour cette avancée.

capacités ;; une résistance au froid étrangement supérieure à la moyenne. rien de bien brillant, ou de très intéressant. c'est juste qu'elle pourrait passer des heures nues dans la neige et en ressortir sans trembler, sans le moindre rhume. peut-être à force d'y avoir passé tant de temps. de s'être vu mourir autant de fois.
constat sur sa nouvelle vie ;; au moins, on ne la bats pas. au moins, elle a ses choix. au moins, on la voit, ce n'est pas comme quand elle vendait des allumettes dans la rue. les allumettes maintenant lui servent à allumer ses cigarettes, et coller des stickers sur leur boîte. stylo glitter, gloss brillant, les attributs sont moins innocents, et elle n'a pas à s'en plaindre. c'est qu'ils ouvrent bien des portes, dans ce monde là, qui ne seraient pas ouvertes à la gamine qu'elle était. elle en est grandie, de ce changement, comme une solution. grandie, de ces caméras, de ces écrans. et peut-être qu'elle n'a pas vraiment eu le choix, ou eu le temps de s'imaginer faire autre chose. parfaite bimbo, parfaite poupée, les joues rosies, à jouer ce rôle qu'on attends d'elle. à jouer ce rien comme on se joue de la vie. le travail n'est pas censé être plaisant après tout. elle s'en fiche un peu. c'est qu'au moins, elle a un endroit pour elle. l'indépendance. une vie. à elle. mieux que rien. mieux que la rue, mieux que les larmes pour réchauffer ses joues. mieux que les ceintures et les plaies ouvertes. mieux que ce père qu'elle préfèrerait encore ne jamais recroiser.

pseudo/prénom/pronom ;; lottie, elle/iel. âge ;; vingt-cinq ans, tuez moi. comment as-tu découvert usd ? ;; vu le nouveau header passé sur tumblr, et ressenti le besoin de rouvrir mes comics de fable. c'est trop beau par ici, même si faut bien admettre qu'entre l'esthétique à tomber et vos écritures de ouf, vous faites peur un peu. quelque chose à nous dire ? ;; saxophone. avatar ;; sydney sweeney. crédit(s) ;; a-child-ish, favoritesonrps.